Par la compagnie Les Globe Trottoirs
Durée : 35 minutes
À partir de 3 ans
Présentation
Une lumière douce, un immense lit, des couvertures et des oreillers partout. Une fois le public installé confortablement sous la couette avec les comédiens, l’histoire peut commencer….
Un matin, malgré l’appel de sa mère, un enfant ne peut pas sortir de son lit. Ce dernier est trop accueillant pour qu’il puisse le quitter et affronter la dureté du monde. Après avoir envisagé de vivre dans son lit, après avoir imaginé un monde aussi doux et chaleureux que lui, après avoir livré une bataille âpre mais inutile contre ce compagnon fabuleux, l’enfant, encouragé par l’odeur du pain grillé, trouve finalement le courage de quitter la douce emprise de son lit…
Après s’être demandé s’il ne s’agissait pas d’un complot de ses parents pour l’empêcher d’aller à l’école et de grandir afin de le garder toute sa vie sous leur autorité ; après avoir envisagé de vivre dans son lit, d’y prendre ses repas, d’y faire du sport, d’y accueillir ses amis et même son professeur ; après avoir imaginé un monde aussi doux, et chaleureux que son lit, un monde fait d’oreillers, de couettes et d’édredons ; après avoir livré une bataille âpre mais inutile contre ce compagnon si grand, si fabuleux, si doux et si attachant, l’enfant, encouragé par l’odeur du chocolat chaud et du pain grillé, trouve finalement le courage de quitter la douce emprise de son lit.
Note d’intention
Aux origines du spectacle
« L’écrivain de livres pour enfants écrit pour les enfants qui ne sont pas écoutés. Il les fait rire, les étonne, entretient leur enthousiasme (et le sien), il leur donne des nouvelles du futur, et sans doute essaie-t-il de les préparer à l’affronter. Il donne aussi des conseils à l’enfant et à l’adolescent qu’il était. Il lui dit qu’il n’est pas seul. Il y a un double enjeu : donner des armes et des forces aux enfants et aux adolescents, et se guérir soi-même pour ne plus souffrir du passé. Les livres pour enfants sont le lieu où l’intime, porté par des histoires, par un double de soi-même projeté dans le passé, tend à l’universel. » Martin Page
J’ai découvert La Bataille contre mon lit, dans le rayon « jeunesse » de ma médiathèque préférée. Outre que je connaissais la qualité des romans de Martin Page, le jaune de la couverture m’a sauté aux yeux et je suis tombé sous le charme des dessins de Sandrine Bonini, de ces trois couleurs simples, de ces mouvements ondulants qui traduisent si bien cet état entre le rêve et la réalité.
Tout de suite, j’ai vu les comédiens dans le grand lit et le public avec eux sous les couettes, au milieu des oreillers. Des enfants qui rient aux facéties des comédiens se « battant » avec des couvertures « vivantes ». D’autres qui ont un peu peur que la forme qui rampe sous les couvertures ne vienne leur grignoter les pieds. Je me suis dit que ces rires et ces cris nous feraient un bien fou.
Les intentions de mise en scène
Nous nous adressons à un public de jeunes enfants (dès 3 ans). Se réveiller, sortir de son lit, c’est encore, pour eux, une sorte de renaissance chaque matin avec une envie folle de croquer la vie et le monde mais aussi avec l’appréhension propre à ce type d’entreprise. Ce qui les attend aujourd’hui peut être très agréable mais aussi totalement insupportable. Alors pourquoi quitter le confort chaud, presque utérin de son lit ? Et voilà posée la question primordiale de la vie. Elle n’advient que dans ces périodes charnières entre la nuit et le jour, l’éveil et le sommeil.
Je souhaite que les enfants, et bien sûr, les adultes qui les accompagnent, vivent ce moment particulier entre deux états de conscience. Comme l’écrit Pierre Péju : « A la lisière mouvante du bizarre et du merveilleux, s’ouvrent des possibilités d’émancipation mentale avec lesquelles l’enfant est de plain-pied ». C’est cette lisière, ce moment de tous les possibles, que je voudrais explorer.
J’aimerais rendre cet « entre-deux » sensible aux spectateurs sous une forme merveilleuse et ludique. Replonger les enfants dans ce moment de demi-sommeil, de rêve éveillé où la pulsion et la raison s’affrontent.
Les images
Nous avons travaillé les scènes de « bataille » sous forme de théâtre gestuel avec des situations plus ou moins acrobatiques où l’enfant saisit ses couvertures pour les abattre mais aussi des situations où c’est le lit qui saisit l’enfant, l’effraie, le chatouille, le berce. Pour les deux comédiens (l’enfant et le lit), il s’agit de faire apparaître diverses masses de couvertures et de draps qui bougent, changent de forme, se lèvent parfois comme des vagues prêtes à engloutir l’enfant et finissent toujours par le calmer, le dorloter, l’entourer. Un travail corporel important dans lequel nous avons cherché à retrouver la fluidité du dessin de l’album et l’amusement, le plaisir de l’enfant à plonger, se battre, danser, voyager dans son lit.
Les scènes où l’enfant imagine le monde font l’objet d’un traitement mixte impliquant tantôt les ombres chinoises — comme lorsque mon père faisait apparaître des animaux magiques sur les murs de ma chambre — tantôt la vidéo. En particulier, lorsque l’enfant rêve que le monde est fait comme un lit, ses visions, dessinées et animées par Sandrine Bonini, se projettent sur la tête du lit.
La musique
J’ai imaginé le lit s’exprimant avec son matelas, son cadre de bois, ses ressorts, son sommier et l’image du piano à queue avec son sommier, son cadre, ses ressorts, ses feutres et ses cordes, m’est apparue évidente.
Antoine Françoise qui est un spécialiste du piano préparé, a écrit la partition du lit avec une musique tantôt percussive, tantôt fluide, tantôt tonale, tantôt atonale. En lui donnant la parole, il a rendu le lit encore plus vivant. Il répond à l’enfant, il grince, rit, gémit, hurle, chante, berce. Un peu comme les objets répondent à l’enfant dans L’Enfant et les sortilèges de Maurice Ravel.
Le travail de composition s’est réalisé en relation étroite avec le travail sur le texte du spectacle et avec les comédiens puisqu’il s’agissait bien d’écrire un dialogue entre ces deux personnages que sont l’enfant et le lit.
Le texte
Le texte de Martin Page est écrit tantôt dans des cartouches, tantôt dans des bulles. Nous utilisons donc ces deux niveaux d’adresse au public. Si les bulles contiennent les paroles de l’enfant, les cartouches reflètent son imaginaire, son discours intérieur.
L’enfant qui se bat contre son lit est le porte parole de tous les enfants. Il parle à ses parents et au monde, tandis que dans son esprit, tous les enfants que nous sommes ou avons été lui soufflent ses pensées. Son discours intérieur devient dès lors universel.
Ce discours est porté par plusieurs enfants et devient ainsi la « voix off » de l’enfance par rapport au monde des adultes, la voix des rêves, des peurs, des inventions de tous les enfants. Pour cela, nous avons travaillé pendant près de deux mois avec une classe de CE1 sur la lecture et l’interprétation de ce textequi est dit tantôt par une seule voix d’enfant, tantôt par un chœur selon que les pensées de l’enfant sont uniques, universelles, douces ou dures.
Équipe artistique
Mise en scène : Jean-Christophe Smukala
Interprétation : Anne Stösser et Stéphane Reboul
Costumes et décors : Delphine Desnus
Musique originale (composition et interprétation) : Antoine Françoise
Illustration et animation : Sandrine Bonini
Prise de son et mixage : Adrien Françoise
Avec les voix de Adam, Adela, Alister, Antoine, Chiara, Clara, Colombe, Elisa, Elsa, Eluïne, Enora, Gaël, Jasser, Leanne, Lila, Lily, Loane, Lounès, Lucie, Mika, Myriam-Lina, Nattan, Oscar, Rose, Titouan et Victoire, élèves de CE1 à l’Ecole Boileau de Montrouge.
Merci à Laëtitia Mantrach pour son accueil dans sa classe et pour sa participation active au projet.
Quelques photos du spectacle
Revue de presse :
« Je veux bien quitter mon lit, mais d’abord, il faut que vous rendiez le monde extérieur doux et chaud ! ». Cette phrase, issue de l’ouvrage « La Bataille contre mon lit » de Martin Page et Sandrine Bonini (ed Le Baron Perché) dont ce spectacle est adapté, résume parfaitement le propos de cette pièce mise en scène par la compagnie Les Globe Trottoirs, à qui l’on doit « Le Loup et Moi » et « Cœurs de Chiffons ».
Soit l’histoire d’un enfant si bien dans sont immense lit parfumé qu’il n’arrive pas à le quitter, ni pour prendre son petit-déjeuner, ni pour aller à l’école – qu’il adore pourtant ! -, ni même pour aller jouer. La pièce, qui traite de ce moment charnière entre le sommeil et l’éveil, entre la nuit et le jour, se savoure confortablement installé sous une couette et entouré d’oreillers douillets.
Un moment de théâtre inédit à expérimenter.
Pariscope, Judith Rablat-Tuil, le 18 février 2015
Il est parfois si dur de s’extraire de son lit, qu’une lutte acharnée peut s’engager entre l’envie de s’enfoncer encore plus dans le moelleux de la couette et la nécessité de se lever pour commencer la journée. C’est exactement ce que va vivre l’enfant qui se réveille…
Pour adapter l’album de Martin Page, illustré par Sandrine Bonini, la scène devient un lit gigantesque, autour duquel le public s’installe. Douillettement assis sur des coussins, les spectateurs assistent à cette bataille entre les deux personnages : le lit mouvant et sonore (mouvements du comédien à l’intérieur de l’installation en accord avec la composition musicale) qui cajole et retient l’enfant dans ses draps ; l’enfant qui se révolte, s’abandonne (jeu très gestuel de la comédienne et voix off d’enfants) ou s’invente un monde (ombres et vidéo) depuis son lit.
Une jolie fantaisie sur l’éveil
Télérama, Françoise Sabatier Morel, le 25 novembre 2015