La Pantoufle, de Claude Ponti

La Pantoufle, de Claude Ponti

Par la compagnie Azelig

  • L’AUTEUR

Claude Ponti est né en 1948 à Lunéville en Lorraine, d’un fort désir de vivre. Il a passé six mois à l’école des beaux-arts d’Aix-en-Provence et un trimestre à la faculté de Strasbourg en lettres modernes.
À partir de 1969, il vit à Paris où il étudie seul le dessin, la peinture et la gravure et où il exerce divers métiers d’appoint.
En 1986, il crée son premier livre pour enfants, L’Album d’Adèle, publié chez Gallimard, pour sa fille Adèle qui vient de naître.
Suivra Adèle s’en mêle en 1987. En 1990, il rejoint l’école des loisirs où il publie Pétronille et ses 120 petits et plus de 70 autres albums de tous les formats et pour tous les âges.
Par ailleurs, il est l’auteur de pièces de théâtre pour la jeunesse, La Pantoufle, Bonjour, Où sont les mamans?, La tente, parues à l’école des loisirs et de trois romans pour adultes, Les Pieds-Bleus, Est-ce qu’hier n’est pas fini?, Le monde, et inversement aux éditions de l’Olivier. Chez Publie.net, il a édité en version numérique et papier, Questions d’importance, Comment nous vous aimons, Profération, et une pièce de théâtre pour adultes, La table.
En 2007, il a collaboré au spectacle du chorégraphe Philippe Decouflé, Sombrero.
En 2009, Claude Ponti a créé, avec ses amis aussi passionnés que lui, Le Muz, musée en ligne d’œuvres réalisées par des enfants dans le monde entier : www.lemuz.org. En 2013, 2014, 2015, il réalise à Nantes, en collaboration avec l’équipe des Espaces Verts et du Jardin des Plantes des créations uniques et en plein air.
Plusieurs de ses livres ont été primés par des prix et l’ensemble de son œuvre a reçu en 2006 le prix Sorcières Spécial.

  • LE TEXTE

La Pantoufle fait partie de La trijolie, ensemble des pièces de théâtre du célèbre auteur et illustrateur jeunesse Claude Ponti. La force du texte de Claude Ponti est de juxtaposer un registre comique à des scènes poétiques et philosophiques. Chaque scène a son propre univers. Petits et grands réfléchiront aux grandes questions de la vie tout en s’amusant. Ses jeux de langage, son écriture musclée et rythmée nous tiennent en haleine tout au long du spectacle.

  • L’HISTOIRE

Qui n’a jamais rêvé de découvrir la vie intra-utérine d’un fœtus ? Claude Ponti nous propose un voyage sensible et drôle à travers le récit de Grand bébé, fœtus de 9 mois, qui prépare son entrée dans le monde.
Dès le début de la pièce Grand bébé nous informe qu’il sortira aujourd’hui :

« dès que la porte est assez grande je sors ».

Avec l’aide de son compagnon L’Oreiller doudou, complice et partenaire de jeu il s’efforcera de se souvenir de tout ce qu’ila écouté, appris, et ressenti dans le ventre de sa mère avant d’affronter l’extérieur.

« J’ai pensé à tout. Bien sûr je ne peux pas sortir comme ça du dedans sans savoir ce qui m’attend dans le dehors, je suis curieux mais je suis prudent. J’ai essayé des choses pour voir pour savoir j’ai essayé les âges les sentiments les émotions, un peu comme des vêtements, pour voir, comme je dis, pour savoir s’ils m’allaient ».

Tel un explorateur Grand bébé s’amusera à revisiter avec humour et poésie toutes ses expériences de vie (la colère, l’amour, la peur, la vieillesse, le partage, la nature…).

  • LE SPECTACLE

Les personnages et la direction d’acteurs

Grand bébé

Nous voulions éviter d’imiter un langage proche de celui d’un bébé. Grand bébé est un personnage haut en couleurs qui sait captiver son auditoire. Son interprète, est comédienne mais également chanteuse et clown. La verve de Claude Ponti nous propose plusieurs registres de jeux. Fidèles au texte nous voulions un Grand bébé fantaisiste à la fois « showman » usant des intéractions avec le public et philosophe. Entre théâtre physique, théâtre d’objets, cirque et chansons le personnage invente au fil des scènes de nouvelles manières de nous exposer sa vision du monde.

L’Oreiller

Le personnage de l’Oreiller est avant tout un personnage merveilleux. Aimant et rassurant il permet à Grand bébé de se développer et calme ses ardeurs. C’est le doudou ou le personnage imaginaire dont un enfant a besoin pour grandir, pour exister en tant que personne.

Peu loquace sa présence accompagne Grand bébé dans son apprentissage, il participe à ses jeux et l’aide à vaincre ses peurs. Nous avons imaginé un personnage aérien, léger tout en douceur proche du clown blanc. Sa gestuelle et ses réactions douces et posées contrastent avec l’énergie débordante de Grand bébé. Il peut rire des bêtises de ce dernier mais sait également se montrer autoritaire quand il faut. Nous serons amusés et attendris de retrouver dans certaines scènes la réaction décontenancée de parents face aux questionnements des plus jeunes.

L’univers sonore

Le son est primordial dans le spectacle. Nous souhaitons offrir aux spectateurs une expérience sensorielle en faisant ressentir l’univers intra-utérin du bébé et son rapport au monde extérieur à travers une création sonore immersive. Nous avons tenté de reproduire les sons que peut entendre un fœtus à l’intérieur de l’utérus : des battements de cœur, des bruits d’eau, des murmures, des gargouillis…

Le récit de Grand bébé est interrompu dans la pièce par les mouvements ou la voix de sa maman. Sa relation avec son père et sa mère est très importante. C’est à travers ses parents qu’il ressent
le monde. Nous avons traité et diffusé leur voix comme si elles étaient entendues à l’intérieur du ventre.

La musique

Une large palette de musiques et de sons a été ajoutée pour soutenir Grand bébé dans son récit. Nous avons créé un mix farfelu entre bruitages et rebondissements sonores. Nous avons également composé et mis en musique certaines scènes. Grand bébé jouera du yukulélé pour accompagner ses chansons. Les enfants seront d’ailleurs invités à reprendre certains refrains avec les artistes.

La scénographie

La scénographie est adaptée pour jouer dans tous les lieux avec ou sans technique (théâtres mais aussi écoles, médiathèques, hôpitaux…).
L’élément central du décor est la fameuse pantoufle où se blottit Grand bébé pour se rassurer. Nous avons donc construit une pantoufle charentaise géante avec des poches derrière. Grand bébé en sort tout au long du spectacle de nombreux accessoires et objets surprenants.

« Comme ça c’est sûr très en sureté. Bien à l’abri, je ne peux vraiment pas être plus à l’abri, impossible d’être plus à l’abri que dans ma pantoufle.
C’est un amour de pantoufle. C’est ma pantoufle. Là je suis bien. J’ai toujours été bien…»

La pantoufle se transforme selon l’imaginaire de Grand Bébé et peut devenir, par exemple une voiture quand ce dernier joue à l’adulte coureur automobile.

« Wouah, la voiture de moi ! Quatre moteurs, douze roues décapotables freins à disques et DVD avec contrôle de trajectoire. En avant ! Vraoummmmm !
Sortie du garage ! Demi-tour dans la rue! Attention tout le monde…C’est moi !
ATTENTION L’ADULTE ! Je fonce, avenue de la Libération…route de la Liberté, virage à gauche, virage à droite ! Tout droit… déjà l’autoroute…Ecartez-vous tous…Place, place, écartez-vous ! Deux cents à l’heure ! »

La porte examinée par Grand bébé à chaque scène pour évaluer le moment de sa sortie est figurée par une ouverture blanche au milieu du plateau qui s’agrandit au fil des scènes jusqu’au moment final de la naissance.

Les accessoires 

Grand bébé énumère toutes ses connaissances en exposant de multiples accessoires.Les objets sont très importants pour Ponti. Grand Bébé a une relation particulière pour chacun d’entre eux. Nous voulions que ces objets aient une esthétique commune mais qu’ils se distinguent par leur manipulation et leur dimension hors-norme. Chaque sortie d’accessoire est une surprise qui éveille notre imaginaire : la boîte à peur, les pantins du frère et de la sœur, les montagnes, le soleil, la lune, les éléments pour confectionner l’arbre….

Les costumes

Grand bébé est représenté dans un pyjama grenouillère avec un bonnet de naissance.
Le costume de l’Oreiller est composé d’une superposition de petits coussins blancs que Grand Bébé peut décrocher à la fin de chaque scène avant de s’endormir dans sa pantoufle. D’autres éléments de costumes ont été réalisés afin que les comédiennes puisse les ajouter facilement à leurs tenues et jouer de nouveaux personnages selon les scènes.

  • EXTRAITS

Extrait scène 3 : un jour j’ai eu peur 

LE GRAND BÉBÉ

L’Oreiller, resté derrière la pantoufle, mais bien visible, fait la voix de la marchande.

C’est quoi la peur ?
C’est très simple : on va dans un magasin, rue de la Peuroterie, on entre on dit bonjour :Bonjour Madame je voudrais un kilo de peur s’il vous plait.

Bien sûr monsieur avec cri ou sans cri ?

C’est quoi la meilleure ?

Avec cri bien sûr ça fait plus d’effet

Alors je crois que je vais prendre avec cri mais … c’est une vraie peur, une peur bleue ?

Bien sûr monsieur nous ne vendons que des vraies peurs bleues authentiques, fabrication maison, et de toutes tailles…

Voilà que j’hésite maintenant, je n’avais pas pensé à la taille, comment choisir ?

Voulez-vous en essayer quelques-unes? Vous pourrez vous faire une idée… il est très important de ne pas se tromper de peur.

C’est possible?

Bien sûr monsieur si vous voulez bien vous approcher

Une boîte blanche, en carton, de la taille d’une boîte de chaussures descend et se pose par terre devant lui.
Le Grand Bébé regarde la boîte sans bouger. Il n’ose pas s’approcher.

Vous pouvez vous approcher monsieur la peur est dans la boîte c’est une toute petite peur.

Le Grand Bébé s’approche et du bout du doigt soulève précautionneusement le couvercle.
L’intérieur de la boîte est plein de lumière bleue. Il lâche le couvercle qui aussitôt se ferme, clac.
Le Grand Bébé pousse un cri en reculant :

Ahhh !

Il recommence plusieurs fois. Mais la boîte aussitôt ouverte se referme. Il crie un peu plus fort, recule un peu plus loin :

AhAhAhhhh !!!

Au dernier cri, il court se réfugier dans les « bras » de l’Oreiller qui s’est inquiété et rapproché
pendant toute la scène et qui le calmera petit à petit.

L’OREILLER
Là, là …C’est fini… Elle est fermée la boîte

LE GRAND BÉBÉ

C’est vrai ?

L’OREILLER
Oui si je te le dis regarde si tu veux

LE GRAND BÉBÉ

Non !

L’OREILLER
Elle est fermée, toute fermée, tu ne risques rien, rien du tout…

Extrait scène 8  : un jour j’ai posé des questions 

LE GRAND BÉBÉ
J’ai posé des questions difficiles je voulais tout sa- voir.
Je n’ai pas eu peur rien n’est plus important que de savoir le parce que du pourquoi.

Pourquoi?

L’Oreiller écarte les bras en signe d’évidence.

Pourquoi?

L’Oreiller écarte les bras en signe d’évidence.

Pourquoi?

L’Oreiller écarte les bras en signe d’évidence.

Pourquoi Pourquoi?

Pourquoi?

L’OREILLER Parce que

LE GRAND BÉBÉ Pourquoi?

L’OREILLER Parce que

LE GRAND BÉBÉ Pourquoi?

L’OREILLER Parce que

Extrait scène 6 : un jour j’ai essayé un tremblement de ventre 

LE GRAND BÉBÉ
Des secousses qu’est-ce qui se passe ? Ma mère s’est mise à courir et à sauter par-dessus tout ce qu’elle trouve. C’est les jeux olympiques le 110m haies. Eh! Hou! Eh hou! Eh hou aïe aïe et là ? elle est dans le métro ? dans le train ? non c’est le métro ça secoue! pourvu qu’elle ne prenne pas l’avion j’ai horreur de ça ! Et là ? là ho ! bon sang ! mais c’est quoi ça c’est pas fini ? qu’est-ce qu’elle fait Maman! Maman! Arrête ! Arrêêêêêêtte ! Arrr- rêêêêêêêtte !Elle rit elle rit! je sais! elle chahute avec mon papa! Elle saute sur le lit ils font des galipettes! Et moi je suis dans la tempête! Arrrrrêêêêêêêêtte! Maaaamman! arrrrrrrrrrrrrrêêêêêêêêêêêtte! Maman, papa, Arrrr- rêêêêêêêttez !

On entend la voix de la mère et celle plus grave du père.

LA MÈRE
Il a bougé je te jure il a bougé !

LE PÈRE
Tu es sûre?

LA MÈRE
Je l’ai senti comme s’il donnait des coups de pied !

Le Grand Bébé, tout étonné. Il bouge les pieds, il pédale en l’air un bon coup.

LA MÈRE
Là encore je l’ai senti encore il bouge.

Le Grand Bébé bouge, la mère parle ; la mère parle, le Grand Bébé bouge.

LA MÈRE
Là là encore il bouge!

LE PÈRE
Des coups de pieds?

LA MÈRE
Oui là mets ta main là

LE PÈRE
Oh je le sens aussi je le sens

LA MÈRE
Tu le sens aussi

LE PÈRE
Oui quel coup de pied il sera footballeur

LA MÈRE
Mets ta main là il suit ma main

LE PÈRE
Ce qu’il est intelligent ce bébé il sera ministre

LA MÈRE
Et là regarde il fait des bosses quand il bouge

LE PÈRE
Il sera plongeur sous-marin, troueur de gruyère, vétérinaire de taupes

LA MÈRE
Là ici il a mis sa tête dans ma main

Extrait scène 11 : c’est le moment, je sors !

Le Grand Bébé danse au rythme d’une musique très rythmée. C’est la danse du harnachement, c’est à dire que, tout en dansant, il bourre ses multiples poches, ceinture, s’accroche des acces- soires partout, etc.

C’est le moment, je sors ! La porte est à ma taille. Alors ne rien oublier, j’ai appris tout ce qu’il fallait savoir pour sortir… L’écharpe s’il fait froid, rien ne vaut une bonne écharpe pour se
protéger… Manger ! Il faut des provisions de la nourriture des réserves, des gâteaux secs… voilà de l’eau…Une bonne gourde bien solide, et voilà et, à propos d’eau, un parapluie s’il pleut, hein, s’il pleut, et mon oreiller, j’y suis habitué à mon oreiller moi, c’est mon oreiller à moi, je ne vais pas le quitter !

Je l’emporte… Chapeau ! Bonnet ! Chapeau ou bonnet ? Non les vrais bébés ont un bonnet. Lunettes de plongée, je sais que je sais tout mais on ne sait jamais… S’il y a beaucoup d’eau dans le dehors ! Tuyaux pour respirer, couteau pour couper, cuillère, fourchette pour
fourchetter…Lampe! J’allais oublier la lampe ! Et si je sors quand il fait noir ? Quelques feuilles si j’ar- rive dans une forêt.

Je suis prêt. J’ai tout ce qu’il faut, et je n’ai pas peur, je suis trop bien équipé…Et je vais savoir si tout est comme je le pense, je vais tout savoir, je vais tout voir ! Allez ! J’y vais !

Project details